Le Triptyque des anciens continents est une apocalypse anticipée à partir de notre monde qui, comme chacun le sait, s’avère directement menacé par le changement climatique dû aux activités humaines et par la chute accélérée de la biodiversité qui en découle.

L’oeuvre reprend la composition symbolique propre aux triptyques des maîtres de la renaissance tout en remplaçant le caractère religieux des symboles par des éléments du monde actuel. En effet, Dieu n’a rien à voir avec tout ça, les multiples causes de l’effondrement représenté dans cette oeuvre sont d’ordre purement mécanique. Qu’on se le dise bien, la planète est indifférente à notre sort, et elle se débarrassera du mal qui la tourmente de la même façon qu’un organisme lutte

contre un virus, par des sueurs froides, des poussées de fièvres, et bien d’autres réactions de rejet…

Ce n’est donc pas une figure aux traits sévères, assise sur un trône d’or, tenant dans une main le glaive et dans l’autre la balance qui va nous punir. Le verdict implacable ne viendra pas non plus d’un seigneur tout puissant, et le drap blanc que tendent les personnages au milieu du panneau central n’est pas fait pour accueillir le fils de Dieu mort pour nos péchés.

D’ailleurs il n’y a rien dans ce drap, que du vide.

Le mal est invisible et s’insinue dans chaque objet, le moindre détail cache une minuscule tache de corruption qui menace de s’étendre aux membres, aux parties qui l’ont effleuré.

Dans son fantasme de toute puissance, l’homme a oublié qu’il n’était qu’une pièce parmi d’autres dans l’équilibre fragile qui maintenait son environnement stable et favorable à son existence. Le voilà qui s’étonne à présent devant les conséquences engendrées par ses actes, comme s’il ne savait pas que ses industries étaient polluantes, ses échanges inégaux, sa révolution verte basée sur des stocks de produits chimiques accumulés pendant la deuxième guerre mondiale sans parler d’autres dénigrements éhontés qui ont sérieusement de quoi remettre en question l’intelligence exceptionnelle dont nous serions supposément dotés. Malheureusement, une petite partie de cette humanité s’est octroyé le droit de piétiner allègrement toute cette miraculeuse harmonie au détriment, toujours, des populations les plus démunies et s’est aussi mal comportée qu’un enfant de six ans capricieux et ingrat envers l’incroyable profusion, l’opulence de biens qui étaient naturellement présents autour de lui.

Dans la déflagration chaotique représentée par le triptyque, la "punition" se traduit de différentes façons et revêt toutes sortes d’apparences à chaque volet que voici en résumé.

Sur le premier panneau, des cataclysmes s'abattent sur une ville mise sous cloche, où les individus se soumettent de plein gré au dictat d'une société ultra conditionnée et paramétrée jusque dans les moindres détails. Le panneau central montre l'irruption d'une étrange maladie, symbolisée par une anguille, il montre pêle-mêle également la pollution, l'aveuglement face à l'inéluctable, et la perte irréversible de savoirs anciens. Le dernier panneau montre la destruction par le feu. 

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